Fatwa n° 751
Catégorie : Fatwas relatives à la famille – Le divorce

Le jugement relatif à la triple répudiation
durant la même assise et en état de colère

Question :
Un homme, dans un état de colère, a répudié sa femme trois fois simultanément et ce, après un problème qui s’est produit entre sa femme et sa mère. Cet homme regrette maintenant ce qu’il a fait. Est-ce que ce divorce est irrévocable ou non ?

Réponse :
Louange à Allâh, Seigneur des Mondes ; et paix et salut sur celui qu’Allâh a envoyé en miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection. Cela dit :

Les opinions des ulémas diffèrent sur la question de la triple répudiation prononcée en une seule parole. La plus correcte et la plus prépondérante des opinions est que ce genre de répudiation est considéré comme une seule répudiation révocable. Celle-ci est la fatwa qu’ont adoptée certains malikites, et c’est l’avis qu’on a rapporté d’Ibn ‘Abbâs, d’Ibn Mas‘oud et de ‘Abd Ar-Rahmân ibn ‘Awf رضي الله عنهم ainsi que de ‘Atâ’, de Tâwoûs et autres. C’est aussi l’avis adopté par Ibn Taymiyya et son élève Ibn Al-Qayyim. En outre, la femme ne devient pas étrangère à son mari, sauf si le mariage n’a pas été encore consommé, ou dans le cas où la ‘Idda (le délai de viduité) de la femme a pris fin.

Néanmoins, il est connu, également, de la jurisprudence des savants que la répudiation de celui qui est en état de colère extrême – qui lui fait perdre toute conscience et toute volonté – c’est-à-dire qu’il n’est pas conscient de ce qu’il dit au point qu’il devient comme un fou, n’a pas d’effet et ce, à l’unanimité des savants.

Quant à celui qui est conscient de ce qu’il dit en ayant la volonté et l’intention de divorcer, de sorte que sa conscience ne change pas, la répudiation (prononcée par) celui-ci est comptée comme une seule répudiation, qu’elle soit émise en plusieurs occasions ou non, comme indiqué ci-dessus.

Cependant, si l’homme n’a pas conçu l’idée de divorcer, mais a prononcé la répudiation à la suite d’une colère dont le degré est entre les deux cas (cités précédemment) de façon qu’il soit dans un état dans lequel le trouble prédomine dans ses propos et ses actes et l’empêche d’avoir un esprit raisonnable, modéré et ferme de sorte que sa raison et son entendement ne changent pas, puis il regrette ce qu’il a fait une fois que sa colère s’est apaisée, sa répudiation n’aura pas d’effet, selon la plus correcte des opinions des gens de science. Cela est le choix d’Ibn Taymiyya et d’Ibn Al-Qayyim, vu que la langue de l’homme, ici, ne concordait pas avec son cœur. Le Prophète صلّى الله عليه وآله وسلّم a dit : «... [Sachez encore] qu’il y a dans le corps un bout de chair qui, en devenant sain, laisse tout le corps sain, et en devenant corrompu, laisse tout le corps corrompu, et c’est le cœur.»(1)

Ibn Al-Qayyim رحمه الله a dit : « Et les preuves de la Charia indiquent que sa répudiation [de celui qui est en état de colère] n’a pas d’effet, ainsi que son affranchissement et ses engagements dans lesquels le choix et le consentement sont pris en compte. Cela fait partie d’Al-Ighlâq(2), comme les imams l’ont expliqué. »([3])

Au demeurant, la répudiation – même si elle est prononcée plusieurs fois et émise à maintes occasions – est considérée comme une seule répudiation, selon la plus correcte des opinions des ulémas, si elle n’est pas accompagnée d’une colère qui fait perdre à l’homme sa conscience et sa volonté ou le pousse au trouble et à la perturbation dans ses propos et ses actes ; car dans ces deux derniers cas, la répudiation qu’il aura prononcée n’aura pas d’effet.

Le savoir parfait appartient à Allâh سبحانه وتعالى, et notre dernière invocation est qu’Allâh, Seigneur des Mondes, soit loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection.

Alger, le 5 de Cha‘bân 1428 H,
 correspondant au 18 août 2007 G.

 


(1) Rapporté par : Al-Boukhârî (52) et Mouslim (1599), d’après An-Nou‘mân ibn Bachîr رضي الله عنهما.

(2) Al-Ighlâq : signifie la colère [emportée]. (NDT).

(3) Cf. : Ighâthat Al-Lahfân Fî Talâq Al-Ghadbân d'Ibn Al-Qayyim (39).

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