De celui qui se repent d’un prêt usuraire qu’il n’a pas pu le rembourser entièrement | الموقع الرسمي لفضيلة الشيخ أبي عبد المعز محمد علي فركوس حفظه الله
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الثلاثاء 7 شوال 1445 هـ الموافق لـ 16 أبريل 2024 م

Fatwa n° 235

Catégorie : Fatwas relatives aux transactions financières - Le prêt et l'échange

De celui qui se repent d’un prêt usuraire
qu’il n’a pas pu le rembourser entièrement

Question :

Sous la contrainte, j’ai dû emprunter une somme d’argent à la banque pour acheter un logement, afin m’y abriter ainsi que ma famille. Aujourd’hui, grâce à Allâh, je connais le jugement religieux et je veux me repentir. Que puis-je, donc, faire, sachant que je n’ai pas remboursé toute la somme ? Qu’Allâh vous récompense de la meilleure façon.

 

Réponse :

Les louanges sont qu'à Allâh, le Souverain des mondes ; que les éloges d’Allâh et Son salut soient pour celui qu’Il a envoyé comme miséricorde pour les créatures, sa famille, ses Compagnons et ses frères jusqu’au Jour de la Rétribution. Cela dit :

À la base, le prêt usuraire est interdit et invalide, car Allâh a dit :

﴿يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اتَّقُوا اللهَ وَذَرُوا مَا بَقِيَ مِنَ الرِّبَا إِنْ كُنتُم مُؤْمِنِينَ. فَإِنْ لَمْ تَفْعَلُوا فَأْذَنُوا بِحَرْبٍ مِنَ اللهِ وَرَسُولِهِ وَإِنْ تُبْتُمْ فَلَكُمْ رُؤُوسُ أَمْوَالِكُمْ لاَ تَظْلِمُونَ وَلاَ تُظْلَمُونَ [البقرة: 278 ـ 279]

Sens du verset :

Ô, vous qui avez cru, craignez Allâh et délaissez ce qui reste de l’usure, si vous êtes croyants et si vous ne le faites pas, alors attendez-vous à une guerre de la part d’Allâh et de Son messager ; si, par contre, vous vous repentez, alors gardez vos capitaux, ainsi vous ne lésez pas et n’êtes pas lésés﴿ [s. Âl-‘Imrân (la Famille d’Imran) : v. 278- 279]

De même, la base est que le musulman ne peut ignorer les choses essentielles de sa religion et de sa vie. Il est, en effet, obligatoire de rechercher le savoir religieux, car le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a dit : «Rechercher le savoir est une obligation pour tout musulman.»(1) Et il est interdit d’ignorer les choses qui sont essentiellement connues dans la religion ou qui sont notoires. Pour cette raison, les savants des règles ont établi une règle qui implique que «l’ignorance du jugement religieux n’est pas une excuse acceptée en terre d’Islam.». Ainsi, en l’absence d’une autorité religieuse qui se charge de donner effet aux transactions, qui peut les annuler ou renvoyer les deux acteurs de la transaction à leur état antérieur et avant celle-ci, et parce que la personne ne peut revenir à l’état qui était le sien avant l’usure qu’elle avait pratiquée, qui va à l’encontre du jugement d’Allâh et puisque toutes les solutions sont irréalisables, la transaction est validée, à cause de la contrainte et non parce qu’elle est conforme à la religion. Cette personne doit, donc, rendre ce que la banque lui demande, sans qu’elle ne transgresse ni ne dépasse les limites.

Quant au fait d’avoir recours au prêt à cause de la contrainte, il faut savoir que la contrainte [par définition] est le fait que l’individu atteigne un point où il risque de périr ou s’en rapproche, dans le sens où le fait de commettre le péché est moins grave pour lui que de le délaisser. La connaissance de ce genre de questions, du point de vue de leur évaluation et de l’évaluation de leur ampleur, revient à la religion de l’individu. Si l’auteur de la question était, en effet, dans une situation très contraignante dans laquelle il risquait de perdre sa religion, ses biens ou son honneur, alors, cela lui était permis mais selon l’ampleur de la contrainte. C’est pourquoi les savants ont établi une règle disant que «quand la situation se resserre, elle s’élargit et quand elle s’élargit, elle se resserre» ; de même qu’une autre règle disant : «Les contraintes rendent licites les choses interdites mais elles doivent être mesurées selon leur ampleur.»(2)

Aussi, sache que le repentir doit être pur et ce, en se dégageant du péché et des autres péchés, en ayant la ferme intention de ne plus y revenir et en faisant suivre cela par les bonnes actions. En effet, Allâh a dit :

﴿إِلَّا مَن تَابَ وَآمَنَ وَعَمِلَ عَمَلًا صَالِحًا فَأُولَئِكَ يُبَدِّلُ اللهُ سَيِّئَاتِهِمْ حَسَنَاتٍ وَكَانَ اللهُ غَفُورًا رَحِيمًا[الفرقان: 70]

Sens du verset :

Sauf ceux qui se repentent, croient et font de bonnes œuvres ; ceux-là, Allâh change leurs méfaits en bonnes actions et Allâh est Pardonner et Miséricordieux﴿ [s. Al-Fourqâne (le Discernement) : v. 70]

Quiconque est sincère lorsqu’il se repent du péché, Allâh lui amène les causes du succès et de la réussite ici-bas et dans l’au-delà. Allâh a dit :

﴿وَتُوبُوا إِلَى اللهِ جَمِيعًا أَيُّهَا المُؤْمِنُونَ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ[النور: 31]

Sens du verset :

Et repentez-vous tous à Allâh, ô, vous, les croyants, afin que vous réussissiez﴿ [s. An-Nour (la Lumière) : v. 31]

Et le savoir est auprès d’Allâh ; nous concluons en disant : les louanges sont qu'à Allâh, le Souverain des mondes ; qu’Allâh honore et salue Muhammad, sa famille et ses Compagnons.

 

Alger, le 29 de Djoumâdâ Al-Oûlâ 1426 H,
correspondant au 6 juillet 2005 G.

 


(1) Rapporté par Ibn Mâdjah (224), Aboû Ya‘lâ dans son Mousnad (2837) et Al-Bayhaqi dans Chou‘ab Al-Îmân (1665), d’après Anas رضي الله عنه. Qualifié de sahîh (authentique) par Al-Albânî dans Sahîh Al-Djâmi‘ (3914) et Al-Michkât (214).

(2) Voir les caractéristiques de la contrainte considérée par la religion, fatwa n° 643, intitulée : «Les normes qui régissent la règle “La nécessité autorise ce qui est interdit”», sur le site