Fatwa n° 980

Catégorie : Fatwas de la famille – les droits conjugaux

Des limites pour la femme à demander
à son époux un logement indépendant

Question :

Une femme, mariée et habitant avec la famille de son époux, a, souvent, la surprise de voir des proches à son mari entrer chez elle sans prévenir. Elle lui arrive, également, de se retrouver seule avec son beau-frère chez qui des signes de puberté commencent à apparaître. Que doit-elle faire dans ces cas-là ? Quel est le devoir du mari ? Est-il permis à cette femme de demander un logement indépendant pour lui éviter ces désagréments ?

 

Réponse :

Louange à Allâh, Maître des Mondes ; et paix et salut sur celui qu’Allâh a envoyé comme miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection. Cela dit :

L’épouse doit cacher ses charmes et tout ce qui pourrait constituer un motif de séduction. Si elle se trouve chez elle, il n’est pas permis à un étranger – fût-il un proche parent de son mari – de rentrer ou de la surprendre en étant dévoilée, raison de plus pour un non Mahram. Le Prophète صَلَّى اللهُ عليه وآله وسَلَّم a dit : «Faites attention en entrant de surprendre les femmes.» Un homme parmi les Anşâr dit alors : «Ô Envoyé d’Allâh, y compris le beau-frère ?» Le Prophèteصَلَّى اللهُ عليه وآله وسَلَّم lui répondit : «Le beau-frère, c’est la mort.»[1] Cela, car le diable coule dans les veines du fils d’Adam. Aussi, il n’est pas permis à la femme de s’isoler avec aucun d’eux ou tout autre qui ne soit pas un Mahram(2) pour elle. En effet, le Prophète صَلَّى اللهُ عليه وآله وسَلَّم a dit : «Nul homme ne s’isole avec une femme sans que le diable ne soit le troisième.»[3] S’isoler avec une étrangère provoque le désir, et le désir sexuel n’a aucune limite. Il est permis à la femme voilée par un vêtement ample, qui cache ses beaux traits et ne dévoile pas ses charmes, de rester en compagnie de son époux ou d’un Mahram et cela, même en présence de ses proches, car le Prophète صَلَّى اللهُ عليه وآله وسَلَّم a dit : «Nulle femme ne doit s’isoler avec un homme sans qu’il y n’ait avec elle un Mahram(1)[4]

Cela dit, la femme – dans pareilles situations embarrassantes – doit éviter autant qu’elle le peut de tomber dans les interdits dont la plupart des familles ignorent la gravité et inconscientes de ses conséquences fâcheuses. D’autre part, il ne faudrait pas qu’elle impose à son époux de lui procurer un logement individuel si ses capacités financières ne le permettent pas, ou bien si cela constituerait pour lui une charge financière trop lourde, car Allâh عزّ وجلّ a dit :

﴿لاَ يُكَلِّفُ اللهُ نَفْسًا إِلاَّ وُسْعَهَا [البقرة: 286]

Allâh n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. ﴿[s. Al-Baqara (la Vache) : v. 286]. Le Très-Haut a dit aussi :

﴿فَاتَّقُوا اللهَ مَا اسْتَطَعْتُمْ [التغابن: 16]

Craignez Allâh, donc, autant que vous pouvez. ﴿ [s. At-Taghâboune (la Grande perte) : v. 16]

S’il se trouve que cet homme a les capacités d’éliminer la nuisance de la mixité et de l’isolement, par l’acquisition d’un logement indépendant, cela est, certes, pour lui un devoir urgent afin de sauvegarder son honneur et de protéger sa famille en repoussant loin d’elle toute gêne embarrassante. Si ses capacités ne le lui permettent pas, il lui incombe, alors, d’atténuer ce vice en prenant toutes les précautions nécessaires pour éviter qu’il y ait l’isolement et la mixité en sa demeure. Egalement, conseiller ses proches avec sagesse et leur adresser de bonnes exhortations en leur indiquant, aussi, les sentences religieuses et les habituer à s’y appliquer. Tout cela, avec un comportement idoine, caractérisé par la patience, la pleine sagesse et le bon sens, dans la manière de prodiguer les conseils jusqu’à ce qu’Allâh lui assure la victoire, car c’est Lui le Meilleur des victorieux.

Le savoir parfait appartient à Allâh, et notre dernière invocation est qu'Allah, Seigneur des Mondes, soit loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu'au Jour de la Résurrection.

 

Alger, le 10 de Safar 1430 H,

correspondant au 5 février 2009 G.



(1) Rapporté par : Al-Boukhârî (5232) et Mouslim (2172) d’après ‘Ouqba ibn cÂmir رضي الله عنه.

(2) Mahram (au singulier) et Mahârim (au pluriel) désignent : les hommes avec lesquels la femme ne peut jamais se marier, tels que le père, le fils, le frère, etc. (NDT).

(3) Rapporté par At-Tirmidhî (2165), d’après ‘Oumar ibn Al-Khattâb رضي الله عنه ; Authentifié par Al-Albânî dans Al-Irwâ’ (215/6).

(4) Rapporté par : Al-Boukhârî (3006) et Mouslim (1341), d’après Ibn cAbbâs رضي الله عنه.

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