Les conditions requises pour le Hadjr (boycott) d’un innovateur | Le site officiel du Cheikh Mohamed Ali FERKOUS
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Samedi 11 Chawwâl 1445 H - 20 avril 2024 G

Article mensuel n° 78

Les conditions requises
pour le Hadjr (boycott)
d’un innovateur

Le danger des innovations

L’immense danger que les innovations représentent pour l’Islam relève du fait qu’elles altèrent l’image de la religion, en altérant laCharia et en modifiant ses traits. Plus on laisse se développer l’innovation dans la religion et plus la communauté se divise ; la vérité devient imperceptible et la Sounna disparaît au milieu des conceptions erronées qui enveloppent les cœurs faibles ou les cœurs morts, en raison de la multitude des innovations et de la propagation des passions. Le tout amène, d’une façon ou d’une autre, à la faiblesse de la communauté qui perdra sa force conséquence des disputes, des conflits et de l’injustice de certains de ses membres vis-à-vis d’autres, avec toute la haine et l’inimitié que cela entraîne.

Celui qui innove dans la religion ne fait que suivre sa passion. En effet, il donne la priorité à la loi de la passion sur la Charia de la droiture ; il place la libre soustraction au-dessus de la vérité rapportée [du Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم] ; il suit les textes ambigus et délaisse les textes clairs ; il se contente, dans la législation, du Coran sans la Sounna ; il imite les ancêtres et s’attache fanatiquement aux hommes, en renonçant à la connaissance de la vérité et à suivre les preuves. Il corrige le Législateur en prétendant, ne serait-ce qu’à travers ses actes, que la Charia n’est pas parachevée. Il soutient son innovation par des arguments erronés, des idées égarées et des superstitions. Il argumente en répandant des hadiths faibles et inventés et de faux récits. Le danger que représente l’innovateur pour la religion et la communauté ainsi que l’influence néfaste qu’il possède sur elles sont, donc, considérables.

À cause de cela et pour remédier à ses maux et à son danger, Ahl As-Sounna Wal-Djâmâ‘a (les Gens de la Sounna et du Groupe) sont unanimes au fait d’appliquer le Hajr (boycott) à l’encontre de l’innovateur et de mettre en garde contre ceux qui affichent les signes de déviance et d’égarement parmi ceux qui appellent à l’innovation et désobéissent à Allâh de façon apparente. Ahl As-Sounna Wal-Djamâ‘a ont pour obligation de considérer les innovateurs hérétiques comme des ennemis, d’être durs envers eux et de persécuter tous ceux qui se joignent à eux.

L’imam Aboû ‘Outhmân Ismâ‘îl As-Sâboûnî ـ رحمه الله ـ a clairement exposé ce consensus en disant : «Ils sont unanimes, également, à dire qu’il faut réprimer les adeptes de l’innovation, les humilier, les rabaisser, les éloigner, s’éloigner d’eux et de leurs fréquentations, et s’écarter d’eux et les délaisser par dévotion à Allâh.»(1)

Ainsi, lutter contre les innovations religieuses(2), les rejeter, mettre en garde contre elles et être dur vis-à-vis de leurs adeptes sont parmi les caractéristiques majeures de la voie salafie. Car les innovations contredisent totalement l’une des deux conditions de validité des actes d’adoration, qui est la conformité à l’enseignement du Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم.

Le délaissement des adeptes des innovations et des passions, le Hajr, est une forme de punition, de châtiment et de correction infligés à celui dont l’innovation et le péché sont apparents, car le caractère apparent de la punition suit le caractère apparent de la désobéissance et en découle. Délaisser celui qui désobéit de façon apparente revient à délaisser les mauvaises actions, et délaisser les mauvaises actions revient à délaisser ce qu’Allâh a interdit. C’est pour cette raison que le fait de prendre les gens de l’innovation comme des ennemis, de ne pas se joindre à eux, de ne pas les écouter, de ne pas citer leurs opinions et leurs arguments erronés et de ne pas débattre avec eux est un sujet sur lequel les Salaf s’accordent à l’unanimité.

Al-Baghawî ـ رحمه الله ـ a dit : «Les Compagnons, les Successeurs, ceux qui les ont suivis et les savants de la Sounna ont toujours été unanimes au fait de s’opposer aux gens de l’innovation et de les délaisser.»(3)

Ibn Abî Zamanîn ـ رحمه الله ـ a dit : «Depuis toujours, les gens de la Sounna ne cessent de mentionner les défauts des adeptes des passions déviantes ; ils interdisent de s’asseoir avec eux ; ils mettent en garde contre leurs méfaits et préviennent de leur mauvais sort, sans considérer cela comme de la médisance ou des insultes à leur égard.»(4)

Ach-Châtibî ـ رحمه الله ـ a dit : «Le Groupe Sauvé et les Gens de la Sounna ont pour devoir d’être les ennemis des innovateurs, de les repousser et de persécuter quiconque rejoint leurs rangs, avec la possibilité même de les tuer dans certains cas. Les savants ont mis en garde contre le fait de les fréquenter et de se mêler à eux, comme nous l’avons vu précédemment. Certes, cela risque d’entraîner la haine et l’inimitié, mais la faute revient à celui qui a agi de façon à quitter le groupe [des musulmans] par une innovation religieuse et de suivre une voie autre que celle des croyants et non pour le simple fait d’être entré en conflit [avec eux]. Comment en serait-il ainsi, alors que nous avons reçu l’ordre d’être leurs ennemis et qu’eux ont reçu l’ordre d’être nos alliés et de rejoindre le groupe [des musulmans] ?»(5)

Ibn Taymiyya ـ رحمه الله ـ a, également, explicité l’objectif religieux du Hajr lorsqu’il en a exposé les deux sortes, dont la première signifie le fait de délaisser les actes répréhensibles, et la deuxième le fait d’infliger une punition à ces derniers. Ainsi, il a argumenté en citant les versets :

﴿وَالرُّجْزَ فَاهْجُرْ [المدثِّر: 5].

 

Sens du verset :

et l’impureté [morale ou physique], délaisse-la donc﴿
[s. Al-Mouddathir (le Revêtu d’un manteau) : v. 5]

﴿وَقَدْ نَزَّلَ عَلَيْكُمْ فِي الْكِتَابِ أَنْ إِذَا سَمِعْتُمْ آيَاتِ اللهِ يُكْفَرُ بِهَا وَيُسْتَهْزَأُ بِهَا فَلاَ تَقْعُدُوا مَعَهُمْ حَتَّى يَخُوضُوا فِي حَدِيثٍ غَيْرِهِ إِنَّكُمْ إِذًا مِثْلُهُمْ [النساء: 140].

Sens du verset :

et il vous a été révélé dans le livre : lorsque vous entendez qu’on renie ou qu’on se moque des Signes d’Allâh, ne vous assoyez point avec ceux-là, jusqu’à ce qu’ils parlent d’autre chose ; sinon, vous seriez comme eux﴿[An-Nişâ’  (les Femmes) : 140](6) ainsi que le hadith : «Al-Mouhâjir est celui qui délaisse ce qu’Allâh a interdit.»(7)

Le Hajr relève, donc, du domaine des punitions requises par la religion et fait partie du même genre que le combat dans le sentier d’Allâh. En effet, purifier la religion est une obligation communautaire(8) (exonératoire), dont le but est de ne pas laisser les âmes devenir malades et les cœurs se corrompre, afin de préserver la nature et l’homogénéité de la société musulmane et d’empêcher que l’innovation ne s’y répande ou influe sur sa religion et sa croyance(9).

Cependant, il faut savoir que l’obligation de délaisser les gens de l’innovation, de s’en éloigner, de les blâmer, de les réprimander et de les corriger est soumise à des conditions définies par la religion. Celui qui veut pratiquer le Hajr doit impérativement les observer avant de passer à l’acte, afin qu’il soit équitable et modéré, à mi-chemin entre l’excès et le laxisme.

Première condition

Faire attention à ne pas conduire sa passion

Celui qui veut appliquer le Hajr doit prendre garde de ne pas suivre ses passions, car délaisser les innovateurs et les pécheurs est une œuvre par laquelle on cherche à se rapprocher d’Allâh le Très Haut. En effet, les conditions de validité d’une œuvre (religieuse) sont la sincérité (envers Allâh) et suivre (le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم), car Allâh a dit :

﴿فَمَنْ كَانَ يَرْجُو لِقَاءَ رَبِّهِ فَلْيَعْمَلْ عَمَلاً صَالِحًا وَلاَ يُشْرِكْ بِعِبَادَةِ رَبِّهِ أَحَدًا [الكهف: 110].

Sens du verset :

Quiconque, donc, espère la rencontre de son Seigneur, qu’il pratique les bonnes œuvres et n’associe personne dans l’adoration de Son Seigneur﴿ [s. Al-Kahf (la Caverne) : v. 110]

Deuxième condition

S’assurer que l’opposant a réellement
commis ce qui implique le Hajr

Il doit s’assurer et vérifier, d’une part, que ce que l’opposant a commis est une innovation et un péché selon les textes et les fondements religieux. Et, d’autre part, il doit être sûr et certain que cet opposant a bel et bien commis ce méfait. Cette vérification relève du principe qui veut que «l’on juge les gens dans leur religion selon ce qui apparaît d’eux, et on ne s’en prend pas à eux en se basant sur le soupçon et la présomption». Il faudrait plutôt vérifier la réalité de la situation, car Allâh عزّ وجلّ a dit :

﴿يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اجْتَنِبُوا كَثِيرًا مِنَ الظَّنِّ [الحجرات: 12]

Sens du verset :

Ô, vous qui avez la foi, écartez-vous d’une grande partie de la présomption﴿ [s. Al-Houdjourât (les Appartements) : v. 12]

et Il عزّ وجلّ a dit :

﴿وَلاَ تَقْفُ مَا لَيْسَ لَكَ بِهِ عِلْمٌ إِنَّ السَّمْعَ وَالْبَصَرَ وَالْفُؤَادَ كُلُّ أُولَئِكَ كَانَ عَنْهُ مَسْئُولاً [الإسراء: 36]

Sens du verset :

Et ne parle pas de ce dont tu n’as aucun savoir ; certes, l’ouïe, la vue et le cœur, sur tout cela, en vérité, on sera interrogé﴿ [s. Al-Isrâ' (le Voyage Nocturne) : v. 36]

L’imam Ibn Mouflih ـ رحمه الله ـ a, d’ailleurs, consacré un chapitre sur ce sujet dans son livre Al-Âdâb Ach-Char‘iyya(10), qu’il a intitulé : «Il est interdit de faire le Hajr [boycott] en se basant sur la parole d’une seule personne(11) qui informe de ce qui implique le Hajr.»

Il faut, également, observer le fait que celui qui commet l’innovation ou le péché soit exempté de toute excuse et de tout élément empêchant le Hajr, comme l’ignorance et l’interprétation erronée et autres. Ceux qui ont ce genre d’excuse doivent plutôt être conseillés et il faut leur expliquer clairement la question de façon qui ne laisse plus aucune place aux ambiguïtés ancrées dans leurs esprits. Aussi, on ne peut considérer un homme comme innovateur que dans le cas où il contredit, de manière inexcusable, un texte religieux clair ou un point qui fait unanimité. C’est dans ce sens qu’Ibn Taymiyya ـ رحمه الله ـ a dit : «L’innovation qui fait qu’un homme sera classé parmi les adeptes des passions est celle qui est connue chez les savants de la Sounna pour s’opposer au Coran et à la Sounna, comme l’innovation des Kharijites, des Rafidites, des Qadarites et des Mourdjites.»(12) Il dit dans un autre passage : «Celui qui contredit, de manière inexcusable, le Livre clair et la Sounna connue et répandue ou les points sur lesquels les Salaf de la communauté sont unanimes, celui-là sera traité comme le sont les gens de l’innovation.»(13)

Troisième condition

Observer les différents degrés d’innovation
et les différents cas de leurs adeptes

Il faut observer les différentes catégories d’innovation et leurs degrés et examiner les différents cas de leurs adeptes. Ach-Châtibî ـ رحمه الله ـ a dit : «Une fois établi le fait que l’innovateur est un pécheur, il faut savoir que le péché qui est le sien peut avoir différents degrés, qui varient selon les points de vue à partir desquels on l’observe selon la jurisprudence. Ainsi, il varie du point de vue de son auteur : prétend-il qu’il est arrivé à cette innovation par effort de réflexion ou par imitation ? Du point de vue du domaine de l’innovation : celle-ci relève-t-elle des nécessités, des besoins ou des compléments sachant que chaque degré comporte lui-même des degrés ? D’un autre point de vue : son auteur la pratique-il en secret ou la manifeste-t-il ? D’un autre point encore : appelle-t-il à cette innovation ou non ? D’autre part, dans le cas où il y appelle, va-t-il jusqu’à se révolter contre autrui ou non ? L’innovation est-elle purement inventée ou par annexion ? Le fait qu’elle soit une innovation est-il clair ou ambigu ? Fait-elle partie de la mécréance ou non ? Persiste-t-il à la pratiquer ou non ? En plus d’autres critères qui impliquent la certitude ou la quasi-certitude que les péchés n’ont pas tous la même gravité.»(14)

Il existe sans aucun doute une grande différence entre les diverses in­novations, du point de vue de leurs degrés ou de leurs auteurs. Ainsi, il n’y a pas d’innovation qui représente un péché plus grand que l’innovation qui transforme l’innovateur en mécréant, puisqu’elle le fait sortir (l’innovateur) de la sphère de l’Islam, comme l’innovation des Batinites et des Perfides hypocrites (Zindîq). L’innovation purement inventée, également, est un péché plus grave que l’innovation par annexion, car la première s’oppose aux textes religieux de tous points de vue, comme l’hérésie relative au fait de (renier) le destin, le fait de renier le consensus ou le récit rapporté par un seul individu, la croyance en un imam infaillible, etc. Contrairement à l’innovation par annexion qui, elle, même si elle est interdite et représente un péché comme l’innovation purement inventée, se distingue de cette dernière de façon très claire. En effet, elle est en partie légale et ne s’oppose, donc, pas complètement aux textes (à tous points de vue)(15). Ensuite, l’innovation avérée est un péché plus grand que l’innovation équivoque, car oser pratiquer la première est une transgression claire et nette, alors que la deuxième peut ne pas être considérée comme étant une innovation. Or, commettre ce quiest plausible est moins grave que commettre ce qui est flagrant.

Celui qui persiste à pratiquer l’innovation, aussi minime soit-elle, commet un péché plus grand que celui qui ne persiste pas (en cela). En effet, l’innovation s’accroît avec la persistance dans sa pratique. Dans le même sens, l’innovateur qui prend l’innovation à la légère est pis qu’un autre(16).

Dans ce domaine, on distingue, d’un côté, entre celui dont l’innovation est avérée, qui la manifeste, qui y appelle et qui la défend et, de l’autre, celui qui se dissimule et n’y appelle pas. C’est le premier que l’on punira par le Hajr et contre lequel on mettra en garde et ce, à l’unanimité des savants, contrairement à celui qui dissimule son péché ou son innovation. Si ce dernier se montre comme bon et vertueux en apparence, on le jugera selon cet aspect extérieur, car «sa nuisance est restreinte à sa personne et ne l’outrepasse pas. Ainsi, quelle que soit la forme de l’innovation, qu’elle soit grande, minime ou détestable, elle garde le statut qui est le sien»(17). Pour cela, son caractère intime est laissé au jugement d’Allâh le Très Haut. Le statut de ce genre d’individus est assimilé à celui des hypocrites qui venaient s’excuser et affirmer leur foi (jurer) auprès du Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم l’année de la bataille de Taboûk. Le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم admettait ce qu’ils manifestaient en apparence et laissait ce qu’ils dissimulaient à Allâh(18). Ainsi, celui qui dissimule son innovation, on abandonnera son Hajr, contrairement à celui qui affiche sa désobéissance, car le fait qu’il le fasse conduira à le prendre en exemple, particulièrement dans le cas de l’innovateur qui appelle à suivre son innovation avec éloquence, car le risque qu’il soit suivi est encore plus grand. En conséquence, afficher la punition est lié à l’extériorisation de la désobéissance.

Ach-Châtibî ـ رحمه الله ـ a expliqué cela très clairement en disant : «S’il [c’est-à-dire l’innovateur] y appelle, le risque qu’il soit pris pour exemple est davantage évident et plus fort. C’est d’autant plus vrai dans le cas de l’innovateur éloquent qui possède l’art de subjuguer les cœurs lorsqu’il se met à exhorter les gens et lance son idée corrompue qu’il enjolive tant et si bien qu’elle s’introduit dans le cœur. C’est ainsi que Ma‘bad Al-Djouhanî appelait les gens à son opinion qui consistait à renier le destin. Il parlait de façon détournée pour faire croire qu’il l’avait pris d’Al-Haşane Al-Basrî.»(19)

Ibn Taymiyya ـ رحمه الله ـ a, également, expliqué clairement la question avec des détails. Il a dit : «Quant à celui qui dissimule son péché ou dissimule une innovation qui ne fait pas sortir de l’Islam, on ne le délaissera pas. On ne délaissera que celui qui appelle à l’innovation. En effet, le Hajr est une sorte de punition. Or, on ne punira que celui qui manifeste la désobéissance par la parole ou par les actes. Celui, par contre, qui ne nous laisse voir que du bien, nous accepterons son apparence et laisserons ce qu’il dissimule à Allâh le Très Haut. Dans le pire des cas, il sera assimilé aux hypocrites dont le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم acceptait ce qu’ils montraient en apparence et dont il laissait ce qu’ils dissimulaient à Allâh, lorsqu’ils vinrent jurer et s’excuser auprès de lui l’année de Taboûk. C’est pour cette raison que l’imam Ahmad, et la plupart des imams qui lui ont précédé ou succédé, comme Mâlik et autres, n’acceptaient pas la transmission [du hadith] de celui qui appelle à une innovation et ne se joignaient pas à lui, contrairement à celui qui ne manifeste pas son innovation. D’ailleurs, les auteurs du Sahih ont rapporté [des hadiths] d’un grand nombre d’individus que l’on accusait d’innovation mais qui n’appelaient pas à celle-ci, alors qu’ils n’ont pas rapporté de ceux qui appelaient à l’innovation.»(20)

Le jugement porté sur les gens ici-bas dépend, donc, de ce qu’ils manifestent, qu’il soit bon ou mauvais. Par contre, la Charia n’a pas ordonné de rechercher la face cachée des gens. Ce fondement est appuyé par l’histoire de l’homme qui faisait des reproches au Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم sur la Zakât, en disant : «Ô, Messager d’Allâh ! Crains Allâh !». Il répondit : «Malheur à toi ! Ne suis-je pas, des habitants de la Terre, le plus digne de craindre Allâh ?» L’homme fit demi-tour et Khâlid ibn Al-Walîd رضي الله عنه dit : «Ô, Messager d’Allâh ! Puis-je lui couper la tête ?» Il dit : «Non, peut-être qu’il fait la prière.» Khâlid dit : «Mais combien de prieurs disent ce qui n’est pas dans leurs cœurs !» Il dit : «Je n’ai pas reçu l’ordre de chercher ce qui est dans le cœur des gens ni de leur ouvrir le ventre.»(21) Le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم dit également : «Il m’a été ordonné de combattre les gens jusqu’à ce qu’ils diront : “Il n’y a de divinité digne d’être adorée qu’Allâh.’’ Celui qui l’aura fait aura mis, pour moi, sa vie et son bien inviolables, sauf s’il serait condamné [par la Législation], et son compte incombera à Allâh(22) Pour expliquer sa parole : «Et leur compte incombe à Allâh», Al-Khattâbî ـ رحمه الله ـ dit : «Cela signifie : en ce qui concerne ce qu’ils dissimulent et non leur négligence apparente vis-à-vis des obligations qui leur incombent. On y trouve une preuve quant au fait que le mécréant qui dissimule sa mécréance est épargné s’il feint d’être musulman, de même qu’on acceptera son repentir s’il se repent en apparence d’une mécréance qu’il reconnaît avoir dissimulée. C’est, là, l’avis de la majorité des savants.»(23)

Al-Boukhârî ـ رحمه الله ـ a rapporté que ‘Oumar Ibn Al-Khattâb رضي الله عنه a dit : «Des gens se faisaient juger en vertu de la Révélation à l’époque du Messager d’Allâh صلَّى الله عليه وسلَّم. Or, la Révélation est achevée. Désormais, nous vous jugerons selon vos actes apparents. Celui qui montre du bien, nous lui ferons confiance et le rapprocherons de nous et ce qu’il dissimule ne nous regarde en rien. Allâh le jugera pour ce qu’il dissimule. Quant à celui qui montre le mal, nous ne lui ferons pas confiance et ne le croirons pas, même s’il dit que son intimité est louable.»(24)

Quatrième condition

Avoir égard aux avantages et aux inconvénients
qui découleront du Hajr

Il faut observer les objectifs de la religion en prenant en compte les avantages et les inconvénients entraînés par le Hajr et en prenant soin de concrétiser le plus grand des deux avantages et de repousser le plus grand des deux inconvénients. On y arrive en suivant les règles qui requiert la manière de faire le choix dans les situations où les avantages et/ou les inconvénients s’opposent, que ce soit en fonction des lieux où les innovations peuvent être plus ou moins apparentes, ou en fonction de la force et de la faiblesse de celui qui pratique le Hajr et de celui qui le subit. Dans certains endroits où l’innovation est répandue, ses adeptes détiennent la puissance et la suprématie, l’innovateur ne s’abstiendra, donc, pas de pratiquer son innovation si on le délaisse et l’objectif religieux du Hajr ne s’accomplira pas. Bien au contraire, le mal risque même d’augmenter et d’empirer. Dans ce cas, le Hajr n’est pas recommandé, car l’inconvénient qui sera engendré est plus grand que l’avantage du Hajr. La cohésion et la sympathie sont, alors, plus bénéfiques et convenables pour les objectifs de la Charia(25). Et si quelqu’un craint d’être touché par le mal de cet individu, qui mettrait en péril sa religion ou sa vie terrestre, qu’il mette à l’abri sa personne et autrui de sa nuisance en pratiquant un Hajr préventif et protecteur(26).

C’est dans ce sens que l’imam Ahmad ـ رحمه الله ـ a dit : «Il incombe d’éviter toute personne qui a mécru, qui est devenue pécheresse en pratiquant une innovation ou qui appelle à une innovation dont l’auteur est considéré comme un égaré ou un pécheur. Cela incombe à quiconque qui est incapable de lui répliquer, ou craint de se laisser tromper par cette personne ou de subir un mal, sans être prescrit pour les autres.»(27)

Ibn `Abd Al-Barr ـ رحمه الله ـ a dit : «Il n’y aura de Hajr qu’à l’encontre de celui dont tu espères qu’il se corrigera ou dont tu redoutes le mal, à cause d’une innovation ou d’autre.»(28) Il dit ـ رحمه الله ـ, dans un autre passage : «Les savants sont unanimes à dire qu’il est interdit au musulman d’éviter son frère plus de trois jours, à moins qu’il ne redoute qu’en lui parlant ou en le fréquentant, il ne mette en péril sa religion ou n’encoure un mal dans sa religion ou sa vie temporelle à cause de lui. Si tel est le cas, il lui est permis de le délaisser et de s’éloigner de lui : une belle rupture vaut sûrement mieux qu’une nuisible liaison.

Un poète disait :

Si l’affection n’évolue que vers l’animosité

Alors une belle rupture est meilleure pour les deux parties.»(29)

A contrario, lorsque la force et la suprématie sont du côté des gens de la Sounna, il est prescrit de délaisser et d’éviter l’innovateur, car l’objectif religieux du Hajr sera atteint.

Àpropos de la voie de l’entente et de la sympathie que l’on emprunte pour réaliser un intérêt obligatoire en présence d’un inconvénient moindre, Ibn Taymiyya ـ رحمه الله ـ dit : «Le but du Hajr peut être le délaissement du mal qu’est l’innovation, qui représente une injustice, une désobéissance, un péché et une corruption [sur Terre ou dans la religion]. Il peut, également, être l’accomplissement de ces bonnes actions qui sont comptées comme étant un Djihâd, une interdiction du mal et le fait de punir les injustes, pour qu’ils prennent garde et se retiennent [de le faire], et pour que la foi et les bonnes œuvres se consolident chez les croyants. En effet, le fait de punir un injuste dissuade les gens de commettre la même injustice que la sienne et les motive à pratiquer le contraire de celle-ci, c’est-à-dire la foi, la Sounna, etc.

Si le fait de le délaisser n’entraîne ni la dissuasion ni l’abstention de qui que ce soit et annule plutôt beaucoup de bonnes œuvres prescrites, alors, ce n’est pas un Hajr impératif. Ainsi, l’imam Ahmad, à son époque, disait des gens du Khorâşân qu’ils ne faisaient pas le poids face aux Djahmites, et que, s’ils ne pouvaient afficher leur inimitié envers eux, cette bonne action [le Hajr] ne serait plus valable. Et être indulgent avec eux écarte le mal du croyant faible. C’était aussi un moyen par lequel on pouvait espérer gagner la sympathie d’un pécheur puissant. De même, quand l’innovation consistant à renier le destin s’est répandue à Bassora, si l’on avait délaissé de rapporter les hadiths de ses habitants, la science et les hadiths retenus chez eux auraient disparu. Si, donc, l’accomplissement des obligations telles que la recherche du savoir, le djihad et autres n’est possible que par le biais de l’auteur d’une innovation dont le mal est moindre au mal que représente le fait de délaisser ces obligations, alors, réaliser l’avantage que représente l’obligation malgré la présence d’un inconvénient moindre sera meilleur que le contraire. C’est, d’ailleurs, pourquoi ces sujets nécessitent plus de détails.»(30)

Il dit ـ رحمه الله ـ, dans un autre passage, pour montrer que le statut du Hajr varie selon la situation de ceux qui le pratiquent : «Ce Hajr varie en fonction de la situation de ceux qui le pratiquent, selon qu’ils soient forts ou faibles, en grand ou en petit nombre. En effet, le but recherché à travers celui-ci est de dissuader et de corriger celui que l’on va délaisser, et de faire en sorte que les gens de la masse s’arrêtent d’agir ou de lui ressembler. Si l’avantage découlant de cela est plus grand, dans le sens où le fait de le délaisser entraîne la diminution et la dissimulation du mal, alors, ce Hajr est légiféré. Par contre, si cela ne dissuade personne, ni celui qu’on délaisse ni quelqu’un d’autre, et si le mal ne fait qu’augmenter, alors que celui qui pratique le Hajr est en position de faiblesse, de sorte que l’inconvénient qui en découle est plus grand que l’avantage, alors, le Hajr n’est pas légiféré. L’empathie peut être plus bénéfique que le Hajr pour certaines personnes et, pour d’autres, il [le Hajr] peut être plus bénéfique que l’empathie. C’est pourquoi le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم délaissait certaines personnes et sympathisait avec d’autres.»(31)

Remarque

Il est important de noter que la question du Hajr de l’inno­vateur est incluse dans un fondement de grande importance, qui est «l’alliance et le désaveu». On désavouera l’innovateur et on le détestera selon la part d’innovation en lui. Si son innovation ne relève pas de la mécréance, on s’allie à lui et on l’aime selon la part de foi et de piété en lui. Il est interdit de le détester de toute part comme un mécréant, mais on lui manifestera de l’affection, d’une part, et on le détestera, d’autre part.

C’est dans ce sens qu’Ibn Taymiyya ـ رحمه الله ـ a dit : «Lorsque sont réunis, chez une seule et même personne, le bien et le mal, l’obéissance et le péché, la Sounna et l’innovation, cette personne mérite une alliance et une récompense proportionnellement au bien qu’elle a en elle, comme elle aura mérité un désaveu et une sanction proportionnellement au mal qu’elle a en elle. Ainsi, les causes qui font que l’on honore une personne et celles qui font qu’on le rabaisse peuvent se réunir chez un seul individu. Il sera, donc, concerné par une part de ceci et une autre de cela, comme un voleur pauvre auquel on coupe la main et à qui l’on donne de l’argent pris du Trésor islamique(32) pour subvenir à ses besoins. Voici la règle de base sur laquelle Ahl As-Sounna Wal-Djâmâ‘a sont unanimes et à propos de laquelle les Kharijites, les Mou‘tazilites et leurs semblables les ont contredits. Ces derniers ne divisent les gens qu’en deux catégories : ceux qui ne méritent que la récompense et ceux qui ne méritent que le châtiment.»(33)

Ainsi, l’amour et la haine dépendent de la manifestation de leurs effets respectifs sur les membres du corps. Et on aimera et on détestera un individu en fonction de sa part de bien et de mal. Ibn Abî Al-‘Izz Al-Hanafî ـ رحمه الله ـ a confirmé cela en disant : «L’amour et la haine [des personnes] se manifestent en fonction des caractéristiques du bien et du mal qui sont en elles. Les causes de l’alliance et celles de l’inimitié peuvent être réunies chez un même individu, de même que l’amour et la haine. On l’aimera, d’une part, et on le détestera, d’autre part, et le jugement le concernant sera en fonction de ce qui prédomine chez elle.»(34)

Conclusion

Nous avons, finalement, établi que l’objectif religieux du Hajr est compris dans le principe de l’alliance et du désaveu et qu’il est une sorte de sanction visant à dissuader l’innovateur, à le corriger, à le remettre sur le droit chemin. Il a, également, pour but de cerner et de limiter son innovation et son égarement, de sorte que cela ne vienne pas mettre en péril l’essence et la cohésion de la société musulmane que menacera la propagation de son innovation.

À partir de ce qui précède, il ne convient pas, d’une part, d’adopter une attitude laxiste (négligente) quant au Hajr de l’innovateur et de s’en détourner totalement, au point d’en rejeter le principe et de blâmer ceux qui le mettent en pratique, ce qui constituera une négligence. D’autre part, il ne convient pas d’adopter une attitude excessive au point de tomber dans l’extrémisme blâmable, qui découle du fait de négliger les règles du Hajr et de ’observer ni les conditions que la religion lui a fixées ni les objectifs qui sont les siens. Aussi, celui qui le pratique le mieux et qui en est le plus digne est celui qui est modéré et équilibré, entre l’excès et la négligence, entre l’exagération et le laxisme.

 

Nous demandons à Allâh de nous accorder la sincérité dans les paroles et les actes, en apparence et en secret, qu’Il nous montre la vérité et nous guide pour la suivre, qu’Il nous montre le faux et nous aide à le délaisser, qu’Il nous écarte de l’injustice et de la transgression, des voies de  la passion et de la perdition, des voies de l’égarement et de l’ignorance. Certes, Il entend, Il est proche et Il répond.

 

Alger, le 23 de Dhoû-L-Hidjdja 1433 H,
correspondant au 8 novembre 2012 G.

 


(1)    Cf. : ‘Aqîdat As-Salaf d’As-Sâboûnî (p123).

(2)    L’innovation réprouvée et interdite dans de nombreux textes est l’innovation dans la religion. Ibn Al-Wazîr Al-Yamanî ـ رحمه الله ـ a, d’ailleurs, cité, dans son livre Îthâr Al-Haqq ‘Alâ Al-Khalq (107), le consensus des Salaf sur son inter­diction. L’innovation mondaine, quant à elle, n’est pas concernée par le sujet. Elle relève du domaine du permis, tant qu’elle ne s’accompagne pas de ce qui contredit la religion. Ibn ‘Abd Al-Barr a dit dans Al-Istidhkâr (2/67) : «Quant au fait d’innover dans les actes de la vie d’ici-bas, il n’y a aucun mal à cela et on n’adressera aucun reproche à celui qui le fait.» Aussi, les in­novations religieuses sont toutes blâmables sans exception, et ce que certains Salaf ont agréé réside en des actes dont l’origine est avérée dans la religion. Si l’on appelle cela «innovation», c’est dans le sens linguistique et non religieux du terme. En effet, le sens linguistique de l’innovation est plus vaste que son sens religieux. C’est dans ce sens qu’Ibn Radjab ـ رحمه الله ـ a dit dans Djâmi‘ Al-‘Ouloûm Wal-Hikam (252) : «Toute chose qu’une personne invente et attribue à la religion, alors qu’elle n’a aucune origine dans la religion, est un égarement dont la religion est innocente. Ceciest vrai dans la croyance, les actes et les paroles apparents et cachés. Quant aux paroles de certains Salaf qui ont approuvé certaines innovations, cela concerne les innovations dans le sens linguistique et non religieux.»

(3)    Cf. : Charh As-Sounna d’Al-Baghawî (1/227).

(4)    Cf. : Ousoûl As-Sounna d’Ibn Abî Zamânîn (425).

(5)    Cf. : Al-I‘tisâm d’Ach-Châtibî (1/120).

(6)    L’imam At-Tabarî ـ رحمه الله ـ a déduit de ce verset l’obligation de délaisser les  adeptes des passions et des innovations en disant : «Ce verset indique clairement qu’il est interdit de s’asseoir avec les gens égarés – qu’ils soient des innovateurs ou des pervers– lorsqu’ils parlent de leurs égarements.» [L’exégèse d’At-Tabarî (4/330)]

(7)    Rapporté par Al-Boukhârî (10), d’après ‘Abd Allâh Ibn ‘Amr رضي الله عنهم.

(8)    Une obligation communautaire (Kifâ’î) ou exonératoire : Si un membre ou une partie de la communauté l’accomplit, le reste en est exempté de la faire. Par contre, si personne ne l’accomplit, toute la communauté sera en tort et responsable.

(9)    Cf. : Madjmoû‘ Al-Fatâwâ (28/203-210).

(10)  Cf. : Al-Âdâb Ach-Char‘iyya (1/240).

(11)  L’information transmise par un rapporteur unique ne procure la certitude que si elle s’accompagne des indices qui la soutiennent, comme le fait que la communauté l’ait acceptée, ou qu’aucune personne de référence ne l’ait rejetée, ou qu’elle soit rapportée sans divergence par plusieurs voies de forces égales, etc.[Cf. : Al-Inâra de l’auteur, p. 208]

(12)  Madjmoû‘ Al-Fatâwâ d’Ibn Taymiyya (35/414).

(13)  Ibid. (24/172).

(14)  Cf. : Al-I‘tisâm d’Ach-Châtibî (1/167).

(15)  NDT : L’innovation par annexion consiste à pratiquer un acte religieux prescrit mais en y annexant un attribut ou une condition innovés, comme en le rattachant à un nombre de répétitions, un endroit, une occasion, une cause, un genre ou une position précise qui n’est tirée ni d’un texte révélé ni d’un consensus avéré. Exemple : faire du dhikr en groupe d’une seule voix ; réciter le Coran près d’une tombe, etc.

(16)  Cf. : Al-I‘tisâm d’Ach-Châtibî (1/171-174).

(17)  Ibid. (1/168).

(18)  Rapporté par Al-Boukhârî (4418) et Mouslim (2769).

(19)  Cf. : Al-I‘tisâm d’Ach-Châtibî (1/169).

(20)  Cf. : Al-Madjmoû‘ d’Ibn Taymiyya (24/175).

(21)  Rapporté par : Al-Boukhârî (4351), Mouslim (n°1064).

(22)  Rapporté par Al-Boukhârî (1399) et Mouslim (20).

(23)  Cf. : Ma‘âlim As-Sounan d’Al-Khattâbî (2/206).

(24)  Rapporté par Al-Boukhârî (2641).

(25)  Cf. : Al-Madjmoû‘ Ath-Thamîne Min Fatâwa Ach-Chaykh Ibn ‘Outhaymîne (1/31-32).

(26)  Cela se traduit par le fait qu’il ne s’allie pas avec lui de façon complète ; il ne sympathise pas avec lui ; il ne se joint pas à lui et ne l’aide pas dans son égarement. Cela contribuera à contenir ses idées erronées et à affaiblir l’influence qu’il aura sur les gens en minimisant le mal qui atteint ces derniers, conformément à la perspective du Hajr qui vise à réaliser de réels objectifs religieux, tout en s’acquittant des droits généraux que le musulman doit sur le musulman.

(27)  Cf. : Al-Âdâb Ach-Char‘iyya d’Ibn Mouflih (1/268).

(28)  Cf. : At-Tamhîd d’Ibn ‘Abd Al-Barr (6/119).

(29)  Ibid. (6/127).

(30)  Cf. : Al-Madjmû‘ d’Ibn Taymiyya (28/212).

(31)  Ibid. (28/206).

(32)  NDT : Trésor islamique (Bayt Al-Mâl) : est utilisé pour couvrir les dépenses publiques et apporter des revenus aux démunis, il est constitué des biens, quels soient, du commun des musulmans (comme le cinquième des butins de guerre etc.) ou non appropriés (comme l’héritage sans héritier etc.).

(33)  Cf. : Al-Madjmoû‘ d’Ibn Taymiyya (28/209).

(34)  Cf. : Charh Al-‘Aqîda At-Tahâwiyya d’Ibn Abî Al-‘Izz (433).