Le jugement relatif au fait de dépenser de ce que a laissé le défunt sans la permission des héritiers | Le site officiel du Cheikh Mohamed Ali FERKOUS
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Vendredi 10 Chawwâl 1445 H - 19 avril 2024 G



Fatwa n° : 955

Catégorie : Fatwas des transactions financières – L’héritage

Le jugement relatif au fait
de dépenser de ce que a laissé
le défunt sans la permission des héritiers

Question :

Une femme s’est vue gérée [par sa propre volonté] une partie des biens laissés par sa sœur décédée, en les dépensant dans différentes œuvres de bienfaisance, sans soumettre ces biens aux règles de l’héritage, par ignorance. Quel est le jugement [religieux] relatif à cette manière de faire ?

Réponse :

La louange est à Allâh, le Seigneur des Mondes ; que les prières d’Allâh et Son salut soient pour celui qu’Allâh a envoyé comme miséricorde pour les créatures, ainsi que pour sa famille, ses Compagnons et ses frères jusqu’au Jour de la Rétribution. Cela dit :

Le fait que cette femme ait géré les biens de ce que sa sœur a laissé, sans la permission des héritiers et sans qu’ils n’en aient connaissance, est illicite, car cela comporte une atteinte aux biens des héritiers. Le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a dit : «Tout le musulman est interdit au musulman : son sang, ses biens et son honneur. »(1) Il صلَّى الله عليه وسلَّم dit aussi : «Les biens d’un homme musulman ne sont licites qu’avec son consentement.»(2) Ainsi, [cette femme] est redevable de ce qu’elle a dépensé sans avoir de permission, à l’exception de la part qui lui revient. Elle ne s’en dégagera qu’en rendant tous les biens aux héritiers qui en sont dignes, sauf si les héritiers expriment [clairement] qu’ils les cèdent ou qu’ils lui permettent de les gérer.

Aussi, il est évident que l’ignorance n’a aucun effet sur les droits des gens et leurs biens, de même que ce n’est pas une excuse qui épargne [à cette femme] de commettre un péché, car elle vit en terre d’Islam, là où le savoir s’y trouve forcément. En effet, la religion fait obligation de chercher le savoir, d’apprendre et de questionner les gens du rappel. Elle les a bien clarifiés pour celui dont l’intention et la voie sont bonnes. Allâh a dit :

﴿فَاسْأَلُواْ أَهْلَ الذِّكْرِ إِن كُنتُمْ لاَ تَعْلَمُونَ[الأنبياء: 7].

Demandez donc aux gens du rappel si vous ne savez pas﴿ [s. Al-Anbiyâ’ (les Prophètes) : v. 7]

Et le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a dit : «Pourquoi n’ont-ils pas posé de question, s’ils ne savaient pas ?En effet, le remède de l’ignorance n’est autre que de poser les questions.»([3]) De même, les savants ont établi une règle qui implique que « l’ignorance d’un jugement religieux n’est pas une excuse acceptée en terre d’Islam ».

Le savoir parfait appartient à Allâh, et notre dernière invocation est qu'Allah, Seigneur des Mondes, soit loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu'au Jour de la Résurrection.

Alger, le 18 de Dhoû Al-Qi‘da 1429 H
correspondant au 15 novembre 2008 G.

 



(1) Rapporté par : Mouslim (6706), Aboû Dâwoûd (4884) et At-Tirmidhî (2052), d’après Aboû Hourayra رضي الله عنه.

(2) Rapporté par Ahmad (5/72), Ad-Dâraqoutnî (300), Aboû Ya‘lâ (1537) et Al-Bayhaqî (11877), d’après Hanîfa Ar-Raqâchî رضي الله عنه; jugé sahîh (authentique) par Al-Albânî dans Al-Irwâ’ (5/279) et dans Sahîh Al-Djâmi‘ (7539).

(3) Rapporté par : Aboû Dâwoûd (1/240) et Ibn Mâdjah (1/189), d’après Ibn ‘Abbâs رضي الله عنهما. Jugé haşane (bon) par Al-Albânî dans Sahîh Sounane Abî Dâwoûd (1/101) et dans Sahîh Sounane Ibn Mâjah (1/178).